
Par Robert Bibeau.
Ces dernières semaines, de nombreux pays capitalistes belliqueux – l’Espagne, la Norvège, l’Irlande, la Slovénie, la France et le Canada entre autres – ont annoncé à cors et à cris leur « reconnaissance » de l’État de Palestine…ce « pays » en devenir génocidé par les sionistes et les puissances occidentales complices. Pour certains, il s’agit d’une étape historique. Pour d’autres, une victoire morale après des décennies d’occupation et de souffrance. Mais derrière ces gestes diplomatiques sans conséquence concrète sur la marche des crimes de guerre du régime israélien terroriste se cache une stratégie beaucoup plus sournoises. La question est inévitable : quels sont les intérêts réels derrière cette soudaine avalanche de « reconnaissances » bidons ? @@b@@Un État palestinien ou une fumisterie ?@@/b@@
Tout d’abord, il faut comprendre que ces reconnaissances ne sortent pas de rien. Elles se produisent au milieu d’une guerre génocidaire contre le peuple de Gaza, où l’État fasciste israélien a échoué dans sa tentative d’éliminer la résistance palestinienne, en particulier le Hamas. Ni avec des bombes, ni avec la famine de masse, ni avec les déplacements forcés d’un camp d’extermination à un autre, les mercenaires israélien n’ont réussi à soumettre un peuple colonisé qui résiste dans la dignité.
Face à cet échec, l’Occident – et en particulier les États-Unis et l’Europe, sont à la recherche d’une alternative. Ils ne peuvent plus soutenir le récit burlesque qu’Israël, l’État fasciste exterminateur en guerre perpétuelle avec ses voisins « se défend » (sic). Ils ont besoin d’offrir une alternative qui maintienne le contrôle politique sur la populace, désactive la résistance et apaise les pressions sociales internes dans toute la Palestine occupée, y compris sur la base militaire israélienne – proxy de l’impérialisme. C’est là qu’intervient la reconnaissance de «
l’État palestinien fantoche
». Voir Comment l’antisémitisme bourgeois est devenu le sionisme fasciste – les 7 du quebec
Mais il y a un truc. Parce que l’État reconnu n’a ni frontières, ni armée, ni souveraineté sur son territoire, ni autorité sur le peuple occupé et occupant. Il ne contrôle ni son espace aérien ni son espace maritime. Il ne peut garantir la sécurité de ses citoyens. En substance, c’est un fantôme administratif sous occupation et sous corruption. Et ce n’est pas un véritable État…c’est une fadaise colonialiste à la sauce « ONUSIENNE », que les puissances impérialistes imposent comme une alternative à un État souverain. @@b@@Blanchiment de l’image de l’Europe, des pays arabes et des autres@@/b@@
Ces reconnaissances servent également à nettoyer la conscience de l’Europe, des États-Unis et des autres puissances impériales complices du génocide en cours. Après des mois de complicité avec le génocide, que ce soit par la négation des crimes de guerre ou par le silence, ou par l’appui militaire (le bourreau israélien a le droit de se défendre en assassinant des enfants affamés) ou par les sanctions ciblées contre la résistance, ils essaient maintenant d’équilibrer la balance avec un geste symbolique, hypocrite et contre productif en ce qui concerne la libération du peuple Palestinien opprimé. Ils parlent de « deux États » – comme s’il s’agissait encore d’une option viable alors qu’en réalité, Israël a tellement fragmenté et colonisé le territoire que cette formule est devenue impraticable…Tant mieux disons-nous ! Un seul État laïc, multiethnique, sur l’ensemble de la Palestine mandataire, voilà l’objectif tactique des peuples de cette région.
On reconnaît « un État palestinien » mais on ne sanctionne pas le bourreau israélien, on poursuit la vente d’armes et l’expansion des colonies de peuplement des colons racistes à Jérusalem et en Cisjordanie occupée en dépit des multiples résolutions onusiennes que rejettent l’État hébreu raciste et son mentor américain. En d’autres termes, on légitime une solution diplomatique utopique sans modifier ni les conditions criminelles de l’occupation ni mettre fin au génocide en cours. @@b@@Et si l’objectif réel du gouvernement fasciste israélien et de ses maîtres était de faire disparaître la résistance ?@@/b@@
La plupart de ces pays continuent de considérer l’Autorité palestinienne (OLP) comme le « Gouvernement légitime » du peuple palestinien malgré son absence de représentativité, sa corruption avéré et sa collaboration avec l’occupant terroriste et fasciste et son rejet par la majorité des Palestiniens.
Voir cet articlehttps://reseauinternational.net/pensee-critique-que-cache-lavalanche-de-reconnaissances-de-letat-de-palestine/
Sommes-nous face à une tentative de réorganisation des cliques de dirigeants palestiniens de l’extérieur du bagne de Gaza, abouchés par les gouvernements arabes traitres et les puissances impérialistes suzeraines de l’État hébreu raciste, en excluant les mouvements de résistance tels que le Hamas ou le Jihad islamique et les autres ? Cherche-t-on à créer un état artificiel fantoche et obéissant qui administre l’occupation et ses prisons sans remettre en question le génocide et sans résister selon les voeux du peuple palestinien occupé ?
Yasser Arafat
a « gouté » cette « solution » du temps de Sharon, avec le succès que l’on sait.
Si tel est le cas, l’avalanche de reconnaissances serait moins une démonstration de solidarité qu’une manœuvre géopolitique pour neutraliser la lutte anti-coloniale du peuple palestinien. @@b@@

Le piège de l’État factice et fictif@@/b@@
Il existe un risque énorme que le monde commence à parler de la Palestine en tant qu’« État reconnu » alors que, dans la pratique, elle reste une nation occupée, colonisée, asphyxiée, exterminée. Cette fiction juridique peut être utilisée pour geler le conflit, désamorcer les plaintes internationales et rendre les victimes elles-mêmes responsables de leur situation.
Dans ce scénario, la cause palestinienne d’une lutte anti-coloniale légitime se transforme en un différend bureaucratique entre divers Gouvernements fantoches, vassaux des puissances impériales. On efface l’histoire, on rend l’apartheid et le génocide invisibles et la voix des martyrs palestiniens s’éteint. @@b@@Conclusion@@/b@@
L’avalanche de reconnaissance n’est ni gratuite, ni désintéressée, ni progressiste, ni révolutionnaire. Elle s’inscrit dans le cadre d’un réajustement politique mondial face à l’usure morale de l’Occident et à la montée de la résistance palestinienne et internationale. Cela peut être utile sur le plan diplomatique, oui, mais nous ne devons pas nous laisser tromper : la vraie libération ne viendra pas des chancelleries des pays occupants ou complices mais de la détermination du peuple palestinien, à Gaza, en Cisjordanie, à Jérusalem, en exil et dans la diaspora et du soutien prolétarien international.
Tant que le régime d’occupation sioniste et son État terroriste ne sera pas démantelé, aucune reconnaissance ne sera possible et complète. Et tant que le sang continuera de couler à Gaza, aucun geste symbolique ne suffira.
Source secondaire : Resumen Latinoamericano via Bolivar Infos. En complément de réflexion ci-dessous…
Malheureusement David Grossman,
il est trop tard, beaucoup trop tard
Regis de Castelnau août 04, 2025
David Grossman est un grand écrivain israélien qui fait partie des gens respectables dans ce pays désormais à la dérive. De ces consciences israéliennes qui de loin en loin permettent à certains de s’accrocher à l’illusion d’une solution de paix durable. Son fils de 20 ans a été tué au combat en 2008 dans une des guerres imposées par Israël au Liban.
Il vient de s’exprimer en reconnaissant que ce qui se passe à Gaza « c’est un génocide. Ça me brise le cœur, mais je dois le dire maintenant ». Cette prise de position tardive est cependant précieuse dans le combat contre ce qu’Israël fait en Palestine. La qualification de génocide est décisive. Irréfutable aux plans juridique, politique éthique et moral, elle est un levier important pour essayer d’isoler les fanatiques soutenus par une grande majorité d’Israéliens. C’est la raison pour laquelle tous ceux qui soutiennent activement le massacre de Gaza se battent bec et ongles contre cette évidence.
Mais rendre hommage à la prise de position de David Grossman ne doit pas nourrir l’illusion sur l’établissement d’une paix et d’une coexistence qui n’ont jamais existées. Le projet de Théodore Herzl portait en lui-même cette impossibilité. Si on a pu imaginer que ce pari pouvait réussir, le diagnostic irréfutable de l’échec est incontournable aujourd’hui au regard de l’Histoire et de l’achèvement ahurissant que constitue le massacre de Gaza.
Ainsi, aussi respectable et émouvante soit-elle, la prise de position de David Grossman doit apparaître aussi pour ce qu’elle est : une tentative de conjurer ce qu’au fond chacun commence à ressentir : le projet israélien est aujourd’hui condamné. On trouve derrière cette prise de conscience beaucoup d’initiatives, à commencer par celle un peu ridicule de cette pétition incantatoire publiée dans le Monde appelant à la libération de Marwan Bargouthi le dirigeant politique palestinien enfermé depuis plus de 20 ans, pour lui voir jouer le rôle d’un improbable Mandela . D’abord, les fanatiques qui dirigent un Israël devenu paria, ne veulent ni de la paix, ni bien sûr d’un État palestinien. Ensuite, c’est trop tard, tellement trop tard…
Ceux qui ont un peu de mémoire historique, penseront au précédent d’Albert Camus. Prix Nobel de littérature né en Algérie dans une famille de pieds-noirs pauvres, ayant toujours conservé un attachement profond à cette terre, qu’il considérait comme sa patrie d’enfance. Lui aussi voulait qu’elle soit être un lieu où Européens et Arabes pouvaient cohabiter pacifiquement. Il ne soutint jamais l’indépendance de l’Algérie, prônant une solution où Arabes et Européens pourraient vivre ensemble avec des droits équitables. Pour finir par répondre à l’interpellation d’un étudiant algérien à Stockholm au moment de la remise de son prix Nobel : « Je crois à la justice, mais je défendrai ma mère avant la justice. » Ensuite, jusqu’à sa disparition brutale, il se taira devant l’inéluctabilité de l’indépendance.
Trouvée sur les réseaux, je publie ici une réaction palestinienne à l’interview donnée par David Grossman au quotidien italien « la Repubblica » . Dont on trouvera également le fac-similé ci-dessous.
« C’est un génocide. »
Merci, David Grossman. Tu as mis 22 mois, plus de 60000 morts, des enfants brûlés vifs, des tentes de réfugiés effacées de la carte et des hôpitaux transformés en morgues, pour enfin dire ce que chaque Palestinien crie à s’en arracher la gorge. Mais voilà qu’on applaudit ton “courage”. On s’émerveille de ta “lucidité”. Tu pleures “le cœur brisé” mais ce cœur, il s’est brisé où ? Certainement pas à Deir Yassine. Pas à Sabra. Pas à Khan Younès. Pas à Gaza en 2008. Ni en 2014. Ni en mai 2021. Tu t’es réveillé après l’irréparable, comme si ta voix, soudain, réparait quoi que ce soit. Et bien sûr, tu dis : “Tout a basculé en 1967.” Comme si les bulldozers de Yaffa n’avaient jamais hurlé. Comme si Haïfa n’avait pas été vidée.
Comme si nos maisons ne portaient pas encore les clés rouillées de 1948.
Comme si l’horreur était arrivée un jour de juin, et pas en 1947, ou 1917, ou dans chaque bureau d’état civil qui efface nos noms.
Non, ce n’est pas l’occupation de 1967 qui a “corrompu” Israël.
C’est le projet lui-même. Un projet bâti sur notre absence, sur notre effacement, sur notre dépossession, sur notre nettoyage ethnique. L’État israélien n’est pas tombé dans la “tentation du pouvoir absolu”. Il est né avec cette tentation. Il s’est construit sur l’idée que nous n’existons pas, que nous sommes un obstacle, une poussière à balayer, des noms trop longs pour les cartes d’identité.
Alors non, tu n’as pas “tout fait” pour éviter ce mot. Tu as fait exactement ce que fait ce régime depuis 77 ans : tu as regardé ailleurs. Tu as parlé de paix quand on parlait de survie. Tu as brandi l’humanisme quand on enterrait nos enfants.
Et maintenant que le sang déborde les écrans, tu veux parler “comme un homme brisé”, au nom d’un “socle commun”, au nom de l’humanité retrouvée ? Non. Nous ne bâtirons rien sur des silences aussi épais. Nous n’avons pas besoin de ton réveil, David.
Nous avons besoin que ce système tombe.
De l’apartheid, pas d’excuses.
De l’occupation, pas de poèmes.
De la colonisation, pas de soupirs.