J’avais publié cette tribune le 4 juin 2010, puis publié à nouveau en l’actualisant le 31 juillet 2014, à l’occasion du blocus de Gaza. Comme il a fallu que notre inestimable président Macron se mêle, comme d’habitude, de ce qu’il ne comprend pas, il m’a paru nécessaire de remettre une fois de plus les points sur les I : non, il n’y aura pas un état Palestinien et un état Israélien, du moins tant que les poules n’auront pas de dent.

Je ne vais pas vous dire si je suis pour ceux qui sont contre ou contre ceux qui sont pour, parce que quand il s’agit de Juifs et d’Arabes, on marche sur des œufs ! Alors, pour ne pas faire prendre de risque à Notre Journal, je vais m’en tenir aux faits, en tentant de répondre à la seule question qui vaille : quand est-ce que tout ce merdier va se terminer ?
Je vous propose pour commencer six points qui me paraissent résumer assez fidèlement la situation :
1 - l’État d’Israël n’est pas né d’un consensus international. Il a été imposé par la force par des Juifs venus principalement d’Europe, entre les années 30, et la fin de la deuxième guerre mondiale. Les « Sionistes » se sont d’abord battus contre les Britanniques qui assuraient le protectorat de la Palestine (l’attentat de l’hôtel King David à Jérusalem, perpétré par l’Irgoun, avait fait près de 100 morts), puis contre les voisins Arabes. La Communauté Internationale a été mise devant le fait accompli, et, si elle a reconnu l’État Juif, c’est à contre cœur, et essentiellement pour s’acheter à peu de frais une bonne conscience. S’il n’y avait pas eu la Shoah, il est vraisemblable qu’il n’y aurait pas d’État d’Israël, du moins en Palestine.
2 - Depuis la création de l’État d’Israël, et pendant toutes les années de guerre plus ou moins larvée qui se sont succédé, les Palestiniens ont été progressivement expulsés de chez eux par les Juifs, jusqu’à ne représenter aujourd’hui qu’environ 20% de la population d’Israël. Vous noterez que j’ai écrit « expulsés de chez eux », et pas de leur « pays », « nation » ou autre « État ». Il n’y a jamais eu d’État Palestinien.
3 - Les pays Arabes voisins de la Palestine n’ont jamais envisagé de laisser se créer un État Palestinien. A la fin de la deuxième guerre Mondiale, et en échange de leur collaboration avec les Alliés, ils étaient certains de se répartir entre eux la Palestine : le Nord pour la Syrie, le centre pour la Jordanie, le sud pour l’Égypte. Les Palestiniens seraient devenus Égyptiens, Syriens ou Jordaniens, et on n’en aurait plus entendu parler. Pour preuve, la Jordanie avait purement et simplement annexé la Cisjordanie après la guerre de 1948-1949, et n’a « rendu » le territoire aux Palestiniens qu’en 1988. Quant à l’Égypte, elle a occupé la bande de Gaza jusqu’en 1967, sans jamais proposer d’en faire un état indépendant.
4 - Les pays Arabes n’ont jamais manifesté la moindre volonté de faire une place aux réfugiés Palestiniens qui leur demandaient asile. Ils ne les ont accueillis que contraints et forcés par la solidarité Arabe, au mieux sans enthousiasme, le plus souvent avec hostilité (par exemple « septembre noir » en Jordanie). Aujourd’hui encore, c’est-à-dire après près de 80 années de conflit, la plupart des Palestiniens sont enfermés dans des camps de réfugiés, et ne survivent que grâce à l’aide internationale.
5 - Quoi que fassent les pays Occidentaux, et quoi qu’en disent les dirigeants Arabes, Israël est considéré par les musulmans du Monde entier comme le symbole de l’arrogance de l’Occident, et du mépris des « Chrétiens » envers les Arabes. Prenez la peine de regarder quelques minutes la chaîne de TV Al Jezirah, et même si vous ne comprenez pas les paroles, vous serez édifiés par les images. Pour les Arabes, Israël est littéralement inconcevable.
6 – Il y a dans des cartons qui moisissent gentiment, un projet de création d’un État Palestinien : il aurait été constitué des deux territoires qui se trouvaient à l’époque sous autorité palestinienne, la bande de Gaza d’une part et une grosse partie de la Cisjordanie d’autre part… sauf que la bande de Gaza est dirigée par le Hamas, et la Cisjordanie par une « autorité » palestinienne qui n’a aucune autorité. Dans la bande de Gaza, qui fait environ 40 km de long sur un maximum de 12 km de large, vivaient avant le 7 octobre 2023 une peu moins de 2 millions de gens dont près de la moitié sans ressource. La bande de Gaza est maintenue sous perfusion grâce à l’aide internationale. Pour la Cisjordanie, c’est à peine moins catastrophique. Et en plus il y a un gros os dans le potage : si les Israéliens s’étaient totalement retirés de Gaza, en Cisjordanie subsistent et continuent de s’établir des « colonies » Israéliennes dont les « locataires » ne sont pas disposés à rendre les clés. Imaginons que le projet de création d’un état palestinien voie réellement le jour, et ne reste pas la lubie d’un Macron totalement déconnecté. Imaginons des élections « démocratiques » dans le nouvel état. Je vous fiche mon billet que le Hamas, qui prône la destruction d’Israël et l’holocauste de tous les juifs gagnerait haut la main.
Ça c’est pour les faits principaux. Il y en a d’autres, mais avec ceux-là, admettez qu’il y a déjà de quoi procéder à quelques conclusions :
1 – Les Israéliens savent parfaitement qu’ils ne survivent que pour autant qu’ils sont plus forts que les Arabes. Si un jour les Arabes prennent le dessus, il n’y aura plus d’Israël. Les Israéliens savent aussi qu’ils ne peuvent compter que sur eux-mêmes, que si les Arabes sont en mesure de les vaincre, les prétendus « garants » de la souveraineté d’Israël, après avoir poussé les inévitables cris d’indignation et fait voter une résolution solennelle à l’ONU, s’empresseront de ne rien faire, trop contents d’être enfin débarrassés du boulet Juif et de satisfaire leur "rue arabe".
2 – Sachant que quoi qu’ils fassent, ils n’obtiendront jamais une paix définitive, les Israéliens n’ont aucun désir de faire la moindre concession à leurs « ennemis ». En réalité, ils n’ont pas d’autre choix que d’être les plus forts et de le montrer. Alors ils profitent de la moindre occasion pour s’agrandir, consolider leur territoire, coloniser ce qui peut l’être. Plus les Juifs seront nombreux en Palestine, plus ils auront acquis d’espace, et plus ils seront forts. Et plus ils seront forts, plus longtemps ils resteront… C’est du cynisme ou de la réal politique, comme vous voudrez. Évidemment, on aurait attendu des victimes de la Shoah une autre façon de voir les choses...
3- Les Palestiniens et le Hamas ont toutes les raisons de refuser de payer la facture de la Shoah, dans laquelle ils n’ont aucune responsabilité. Ils ne comprennent pas pourquoi ils devraient accepter qu’un état Juif se soit installé dans ce qu’ils considèrent comme leur terre. Pour eux, il n’y a rien à négocier. Ils veulent que les Juifs disparaissent, un point, c’est tout. Quant aux voisins Arabes, ne croyez-pas qu’ils aient abandonné leur ambition de se partager la Palestine. Et ils estiment que le temps joue pour eux. Et le temps, vous savez que les Arabes savent mieux que tout autre peuple le domestiquer.
4- le conflit entre Israël et ses voisins n’est plus, s’il l’a jamais été, un conflit local. Il n’y aura sans doute jamais d’État Palestinien, mais aujourd’hui c’est en Palestine que se joue le bras de fer entre l’Occident et l’Orient, et il est trop tard pour chercher des responsables ou revenir en arrière. Nous sommes tous pris au piège : que l’on soit pro-les-uns ou anti-les-autres, il faut être conscient que toute défaite d’Israël serait vue par le monde Arabo-Musulman comme une défaite de l’Occident Chrétien !
5 – Pour en revenir à l’actualité et à la « guerre » sans merci qu’Israël livre au Hamas, au Hezbollah et à l’Iran, et s’il faut en tirer une leçon, je pense qu’il y a longtemps que les Israéliens ont intégré l’idée que le Monde ne les aime pas. Alors ils se satisfont d’être craints. En l’espèce, leur message est clair : l’opinion internationale, on s’en tamponne. Ceux qui viennent nous emmerder chez nous le font à leurs risques et périls, et qu’ils ne comptent jamais sur notre faiblesse.
Notre président de pacotille devrait en prendre de la graine, lui qui a encore récemment déclaré, sans craindre le ridicule, « pour être libre dans ce monde, il faut être craint. Pour être craint, il faut être puissant. » Pauvre, pauvre, pauvre couillon (disait César à Marius).