Parfois, le génocide ne rime pas avec Auschwitz, il rime avec Gaza. Et si cela vous met mal à l’aise, tant mieux. C’est légitime. Car cette fois, l’Occident n’est pas le sauveur, mais l’organisateur.
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par Story Ember leGaïe
Ils disent que ce n’est pas un génocide.
Pas parce qu’il n’y a pas assez de morts,
mais parce que les victimes ne sont pas blanches.
Parce que les bombes ne datent pas de quelques décennies.
Parce qu’il n’est pas consigné dans les manuels scolaires, exposé dans un musée ou scellé par la phrase « plus jamais ça ».
Ils ne réfutent pas le terme « génocide » par souci d’exactitude.
Ils le réfutent parce qu’il dérange.
Gaza ne cadre pas avec leur discours.
Gaza n’est pas propre.
Gaza n’est pas stérile.
Gaza n’est pas muette.
Ses enfant sont broyés sous les décombres, et les journalistes occidentaux se demandent s’ils servaient de « boucliers humains ».
Ses files d’attente pour le pain tournent au massacre.
Ses corps se décomposent dans des hôpitaux privés d’électricité.
C’est une extermination en temps réel, et pire encore, elle est publique.
Le monde assiste en direct à un génocide, et pourtant, nombreux sont ceux qui attendent des Palestiniens qu’ils meurent en leur permettant de les pleurer plus confortablement.
Ils comparent Gaza aux génocides blancs.
Ils voudraient que tout ressemble à l’Holocauste :
Organisé. Bureaucratique. Archivé.
Des juifs morts dans des trains.
Des nazis jugés et mis à mort.
La pureté éthique de l’histoire, emballée dans des nuances de gris.
Mais si le génocide était autre qu’en nuances de gris ?
Et s’il était là, en couleurs, en arabe, avec du sang sur votre fil d’actualité, financé par votre gouvernement ?
Et si les victimes hurlaient, résistaient et refusaient de se laisser faire ?
Ils ne peuvent pas gérer Gaza parce que Gaza ne fait pas le mort.
Les Palestiniens sont censés se soumettre au massacre, pas y survivre.
Ils sont censés implorer de l’aide à voix basse, pas à grands cris.
Ils sont censés être des victimes muettes, pas une résistance vivante.
L’Occident n’honore le génocide que lorsqu’il est consommé.
Lorsque les victimes ont rendu leur dernier souffle.
Lorsque les assassins sont morts ou réfutables.
Quand la culpabilité n’est qu’abstraction, pas un enjeu de politique étrangère.
Ce génocide est trop bruyant. Trop brun. Trop vivant.
Alors ils disent que c’est « compliqué ».
Alors ils parlent de « deux camps ».
Alors ils prétendent que « le Hamas peut y mettre fin dès demain ».
Mais ils ne disent pas pourquoi 70% des cadavres sont ceux de femmes et d’enfants.
Ils ne disent pas pourquoi 5000 familles ont été rayées des registres d’état civil.
Ils ne disent pas pourquoi plus de 128 000 Palestiniens sont déjà morts, et pourtant, ils larguent encore des bombes sur des tentes.
Le génocide n’est pas sacralité. Il est systémique.
Et parfois, il ne rime pas avec Auschwitz.
Parfois, il rime avec Gaza.
Et si cela vous met mal à l’aise, tant mieux. C’est légitime.
Car cette fois-ci, l’Occident n’est pas le sauveur.
Il est l’organisateur.
source : Marginalia Subversiva via Spirit of Free Speech